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Tournois Ladies, le poker en évolution

ladies poker

Dans le monde du poker, essentiellement masculin, on entend de temps à autres que les femmes sont moins bonnes, faciles à battre, des adversaires plus émotifs et plus frileux, facilement bluffables… Bref, elles joueraient un poker “féminin”, celui des femmes au sens de “faibles femmes” : gentilles, parfois sexy, mais ayant tout sauf les qualités requises d’un bon joueur de poker, et encore moins d’un champion.

Pourtant, l’actualité pokéristique apporte régulièrement des démentis aux préjugés. Ainsi, après avoir remporté l’EPT Londres de 2008, Vicky Coren renouvelait l’exploit à l’EPT San Remo 2014 en encaissant 476.100€. Face à une telle championne, organiser des tournois “spécial ladies” a-t-il un sens ? Ce genre d’événement est-il un simple pied de nez au machisme répandu sur les tables ou une manière de “parquer” les amatrices de poker dans leur coin ?

[TDM]

Pourquoi créer des tournois exclusivement féminins ?

Les femmes jouent aux cartes depuis aussi loin que celles-ci ont été inventées. Pour le poker, il aura fallu attendre un peu plus tard. L’histoire du poker montre que ce jeu est apparu à la fin du 18ème siècle en France puis aux USA au début du 19ème. Il s’agit d’abord d’un jeu masculin pratiqué surtout par les bandits et les soldats et en conséquent très mal perçu. Il ne devient populaire que lorsque le Nevada légalise les jeux de casinos. Il restera pourtant un jeu largement évité par les gens de bonnes familles et les classes moyennes.

Il faut attendre les premiers championnats du monde pour le voir prendre un autre éclat et par la même occasion, voir les femmes, encore cantonnées à gérer leur famille, mettre les pied dans les casinos, puis progressivement, payer pour jouer, chose encore très rare dans les seventies.

Longtemps le niveau (et surtout l’expérience) des femmes, il faut bien l’avouer, n’a pas été vraiment égal à celui des hommes. Le poker ne se pratique pas beaucoup en famille, et payer pour jouer dans les établissements de jeu reste encore un luxe pour un grand nombre. Les familles préfèrent mettre leur argent ailleurs, d’autant que même durant la seconde moitié du XXème siècles, ce sont souvent les hommes qui tiennent les cordons de la bourse…

Pourtant, dès 1977, les organisateurs des championnats du monde ont instauré un tournoi ladies afin de leur permettre de jouer dans un environnement moins austère et leur offrir la certitude de gagner une partie du prizepool. Une forme de galanterie, en somme !

Femmes casinos

Plusieurs raisons ont forcé cette décision :

  • Le poker n’a pas une très bonne réputation : ouvrir ses portes aux femmes revenait à adoucir son image et le faire pénétrer la sphère familiale
  • Le buy-in des tournois “classiques” reste une somme importante pour cette époque ; celui des “ladies” reste plus accessible
  • Les femmes ne fréquentent pas beaucoup les casinos, encore moins les tables de jeux de cartes payants
  • Jouer contre des professionnels est intimidant et une cause perdue d’avance ; quitte à  permettre aux femmes de jouer, autant qu’elles aient des espoirs de gagner

Il n’y a pas de professionnelles encore. Les années passent et peu à peu, elles sont de plus en plus nombreuses à disputer cet événement annuel.

Depuis une décennie maintenant, les circuits nouveaux comme l’European Poker Tour mais aussi le WPT ont ajouté des événements “réservés” à ces dames. Souvent, ce sont les femmes des joueurs qui sillonnent le circuit mondial qui disputent ces tournois.D’autres participantes qui se déplacent pour jouer des tournois plus importants sont aussi de la partie, ce qui a contribué à augmenter grandement le niveau de leurs consœurs.

Le Ladies est devenu une institution aujourd’hui.

Les Tournois réservés aux femmes en ligne et hors ligne

Outre les tournois classiques, dans lesquels les femmes pourront venir user de leur charmes et de leur fausse naïveté pour damer le pion aux machos, voici un historique des championnats du monde féminins ainsi qu’une liste de tournois ladies en France et ailleurs.

Les WSOP Ladies

Cet événement a connu une évolution certaine, tant pour le buy-in que pour la variante. Elle a surtout suivi son époque.

Deby Callihan victorieuse dans le ladies des WSOP 1980Buy-in  et variantes des Ladies aux WSOP

  • 1977 : premier tournoi Ladies au buy-in de 100$. Elles sont cette année-là 93 à participer à l’événement et les 3 premières sont payées.
  • 1978 : 200$ – 84 joueuses – 3 ITM (recevant un gain)
  • 1979 : 400$ – 53 joueuses – 3 ITM
  • 1982 : 500$ – 64 joueuses – 8 ITM
  • 1992 : 1.000$ – 155 joueuses – 8 ITM
  • 2013 : 10.000$ avec une réduction de 9.000$ pour les femmes, soit 1.000 $ pour elles – 954 joueuses – 117 ITM

La règle aux USA est claire. Il ne peut pas y avoir discrimination dans un tournoi. Pour éviter de voir trop de garçons venir pour s’amuser, se déguiser et surtout tenter leur chance et profiter de l’occasion pour remplir leurs poches, le buy-in a été multiplié par 10 pour le sexe opposé.

La variante principale a été pendant 22 années le 7 Stud. Ensuite, le hold’em (limit) et le 7 Stud se sont côtoyés avant de laisser la place au No Limit Hold’em en 2005, variante qui est aujourd’hui de loin la plus populaire.

Voici tous les résultats de ce tournoi. Notez qu’en 2010, Vanessa Hellebuyck a remporté l’épreuve, devenant la première française titrée aux WSOP américains.

En France et ailleurs

Il existe plusieurs tournois féminins organisés dans l’hexagone et ailleurs :

  • European Poker Tour – 300 € NLH
  • France Poker Series – 300€ NLH, plus particulièrement lors de l’étape de Deauville et Monte Carlo, les deux plus belles de l’année
  • World Poker Tour – Invitation jusqu’à 1.000 $. Notez qu’ils se font fait rares ces dernières années.
  • Le Ladies Night au Cercle Clichy Montmartre

Le poker féminin en ligne

Parmi les tournois réputés sur internet, on retrouve ceux de Winamax. Il y en a deux : le Freerols Ladies et le Ladies Tournament. Ceux qui hésitent entre Winamax ou Pokerstars pourront trouver chez le concurrent le tournoi Sunday Ladies.

Poker Girlz est en France le site dédié à “la cause”. A l’étranger, c’est surtout ce site dédié aux tournois féminins (LIPS Tour) qui vous sera utile si vous venez en vacances sur la cote ouest des États-Unis.

Quand la femme devient meilleure que les mecs

Depuis le lancement des premiers championnats du monde, et avant les circuits de poker modernes, les femmes se sont illustrées dans des événements mixtes en plus des tournois qui leur étaient réservés. C’est ainsi que certaines ont intégré (tardivement) le Panthéon du poker, le Hall of Fame.

Le jeu se démocratisant, nombreuses sont celles qui ont investi le marché. Elles ont su apprendre beaucoup en côtoyant les champions mais aussi les journalistes, le personnel des casinos et plus généralement les passionnés. Enright, Isaacs puis Dollison parvenaient ainsi à tirer leur épingle du jeu ; mais cela n’était pas suffisant à l’époque.

La condition féminine ayant évolué, beaucoup ont tenté leur chance. Il fallait cependant attendre l’après Moneymaker pour découvrir le visage de nouvelles joueuses, celles qui ont appris à jouer online. Le nombre des participantes décollait alors.

Poker en ligne, la bonne école

Annette annette_15 ObrestadLe nombre de tournois et de participants sur le circuit mondial a été relativement faible jusqu’en 2003 et l’explosion du poker grâce à internet et la victoire de Moneymaker dans le main event après s’être qualifié en ligne pour ces WSOP. Il a fait de nombreuses émules et c’est ainsi que, sous couvert d’anonymat dans un premier temps, certaines filles se sont révélées au monde.

La plus symbolique est norvégienne et se nomme Annette Obrestad. Son pseudo Annette_15 a longtemps fait peur sur les tables de tournois en ligne. Grâce à cela, elle réussissait même à se qualifier en ligne pour le main event des WSOP Europe grâce à l’argent empoché sur la toile. A 18 ans à peine, elle remportait ce tournoi principal londonien et devenait la plus jeune personne à remporter ce précieux trophée.

Dans ses pas, d’autres comme Vanessa Selbst et Melanie Weisner afficheront aussi de belles prestations. Vanessa Selbst est depuis longtemps un coach de poker sur deucescracked (compter 650 $ par heure de cours). La jeune américaine fait aussi partie aujourd’hui des 20 meilleurs joueurs au monde.

Elle peuvent aller encore plus loin

En live, l’agressivité est importante. Les joutes verbales (le “trash-talking”) mais aussi les attitudes corporelles proviennent souvent d’une seule et même source : la testostérone. Cette hormone qui va faire qu’un homme partira plus rapidement en guerre, psychologique et physique, celle qui fait que le mâle va aller au bluff  – et jouer avec ses ****** sur la table – là où souvent les femmes s’y forcent car elles ont moins de velléités dans cette quête à l’ego typiquement ♂.

Mesdames, laissez donc votre sensibilité de côté, adoptez le style bad boy ! C’est ce qu’on retrouve chez la plupart des gagnantes qui se spécialisent de plus en plus dans le cash game.

Hall Of Fame

Le Poker Hall of fame récompense l’ensemble d’une carrière. Pour cela, il faut avoir marqué son époque par ses résultats ou son investissement dans le monde du poker. Les introductions n’ont pas lieu systématiquement chaque année et elles ont longtemps été réservées aux hommes.

Deux exceptions pour l’instant sont à relever :

  • Linda Johnson (2011) qui était journaliste chez Card Player. Elle a également été instructrice puis membre du comité de direction de la TDA (Tournament Director’s Association) avant d’être directrice des relations publiques et speaker officiel sur les WPT live. Elle a aussi gagné un tournoi mixte aux WSOP 1997.
  • Barbara Enright (2007) qui a été la première à gagner trois bracelets aux WSOP et la première à gagner un tournoi mixte. Elle est aussi la seule à avoir accédé à la finale d’un main event (à Las Vegas).
Linda Johnson Barbara Enright

 

Women Poker Hall of Fame

Pour permettre de récompenser chaque année d’autres femmes, le Women Poker Hall Of Fame a été créé en 2007. Depuis, chaque année, plusieurs titres sont décernés sur les mêmes règles que le Hall Of Fame générique.

Les autres résultats notables

Nani Dollison est une ancienne pro et dealer. Elle a gagné en 2000 et 2001 le Ladies Event. En 2001 elle réalisait un doublé avec un tournoi mixte en Limit Hold’em.

Susie Isaac a elle aussi remporté deux fois de suite le tournoi Women (1996 et 1997)

Vanessa SelbstVanessa Selbst est l’une des plus performantes en live. Avec plus de 10 millions de gains, elle possède 3 titres mixtes aux WSOP (20082012 et 2014) mais aussi un NAPT, un Partouche, un UKIPT et de très belles places payées dans les High Roller. Elle est aujourd’hui la plus crainte de toutes.

Victoria Coren avait gagné en 2008 chez elle l’EPT Londres. Il aura fallu attendre la 10ème saison de ce circuit pour connaître le nom du joueur qui ferait le doublé mythique. C’est à l’EPT San Remo 2014 qu’elle y parvenait, rentrant à jamais son nom dans la légende du poker mondial.

Liv Boeree a gagné l’un des plus gros EPT. C’était à San Remo en 2010 devant 1.239 adversaires. Cette mannequin, fan de métal, astrophysicienne et présentatrice (oui tout cela) est l’une des personnalités attachantes et douées qui apportent au monde du poker un peu de piment et d’originalité.

Annette Obrestad a été la première femme à remporter un tournoi des WSOP Europe à 18 ans seulement. Sa réputation s’est faite sur son agressivité hors norme. Son tournoi joué en ligne à l’aveugle avec un post-it sur ses cartes, est l’un de ses faits d’armes.

Jennifer Harmann a été l’une des premières à être sponsorisées par un grand site, en l’occurrence Full Tilt. Joueuse de cash game elle s’est octroyée un peu de temps pour aller chercher 2 titres aux championnats du monde 2000 et 2002.

Vanessa Rousso n’a jamais décroché de titres aux WSOP mais cela ne l’empêche pas de cumuler près de 4 millions de dollars de gains. Au départ, elle nous vient d’internet avec une très belle performance sur les WCOOP (championnats du monde de poker en ligne) en terminant seconde du main event 2007 (700.000 $). En parallèle, elle joue en live et elle a vite acquis une place sur l’échiquier international.

Gaëlle Baumann, la sponsorisée Pro Winamax a terminé 10ème du main event des WSOP (sur 6.598 joueurs). Si elle a raté la table finale, c’est la meilleure performance féminine depuis la création des championnats du monde : une belle réussite pour cette française qui est avant tout une joueuse de cash game.

Lors des WSOP 2013, Loni Harwood et Dana Castaneda sont sorties victorieuse de deux gros tournois, respectivement le 1500$ NLH et le 1.000 $ NLH.

Conclusion

Avec l’apparition du professionnalisme féminin, le niveau s’est rapidement accéléré, contribuant à l’essor de talents encore peu nombreux mais surpassant allègrement plus de 95% des professionnels masculins.

Les femmes ne sont pas toutes professionnelles et pour cela, un ladies est obligatoire pour leur permettre de jouer avec des personnes de même niveau. Bien souvent, les pros féminines ne viennent pas dans ces tournois car elles disposent de la bankroll nécessaire (ou de sponsors) pour s’inscrire à ceux dont l’enjeu est plus conséquent ou dont la variante leur convient mieux.

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