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Variance poker : votre jeu est-il rentable ?

Perte de confiance, bad beats à répétition, période néfaste, et dans le pire des cas “tilt” et banqueroute… Telles sont les conséquences possibles de la variance au poker, cet écart entre la courbe de gains théorique en fonction de votre niveau et la courbe de gains réelle. Celle-ci affecte tout joueur à un moment ou un autre. Décryptage. 

Variance Poker[TDM]

Au commencement était la chance

Beaucoup de joueurs pratiquant régulièrement le jeu et s’acharnant à améliorer leur stratégie ont tendance à l’oublier, du moins jusqu’à ce qu’un bad beat vienne le leur rappeler : il existe une part de chance au poker.

C’est pourquoi, en dépit de son immense talent, Phil Hellmuth jouant [iAc][iAt] contre un débutant pourra tout perdre sur un bad beat (pour rappel, les chances de remporter le coup face à un seul adversaire pré-flop avec la paire d’as sont d’environ 80%). Cependant, à la différence du débutant qui fera banqueroute au bout de quelques mains, Hellmuth récupérera rapidement cet argent perdu.

En effet, tout est une question de durée :

  • à long terme, le facteur (mal)chance du champion sera compensé par son talent ou “edge” (supériorité de niveau de jeu sur les adversaires)
  • au contraire, le parfait débutant devra rapidement recaver en dépit de quelques jolis coups ou “good beats”

Voici comment vous pouvez vous représenter la chose : au bout de 10 000 mains, la cave de Phil Hellmuth sera plus importante qu’au 1er coup, et donc sa courbe de gains sera globalement ascendante. Mais en observant le détail de la courbe, vous constaterez qu’à certains moments, elle a diminué ou augmenté plus ou moins fortement. Bad beats, coups de maître, bluff raté, etc. en sont la cause. Le concept de variance recouvre ces fluctuations. 

Quand le talent change la donne

Si le poker était un pur jeu de hasard comme pile ou face, la question de la variance ne se poserait pas. A moins d’être exceptionnellement chanceux ou malchanceux, la courbe de gains serait parfaitement stable. Mais le poker n’est pas seulement un jeu de hasard, au grand dam des joueurs perdants.

Les probabilités de gains du bon joueur seront donc plus favorables. A un jeu de pile ou face, c’est comme si, au lieu d’avoir comme tout le monde 50% de chances de gagner, il en avait 60. En jouant de nombreuses fois, ses gains augmenteront au lieu de stagner comme pour le commun des mortels. Dans le jargon du poker, cet écart s’appelle winrate, littéralement “taux de gains”. Il ne concerne évidemment pas les “fish”.

Celui-ci reste d’abord théorique. Représenté graphiquement, il s’agit d’une droite plus ou moins inclinée en fonction du niveau du joueur. Elle servira de référence par rapport aux gains obtenus effectivement au fil des parties, qui eux sont naturellement fluctuants.

Ainsi, certaines mains dépasseront largement le winrate et inversement. En vous focalisant seulement sur une série de 100 coups, votre courbe réelle sera considérablement différente de la lisse courbe théorique (surtout si vous jouez gros, puisque les variations n’en seront que plus importantes). Mais plus vous jouerez de mains, plus tendanciellement elle s’en approchera et votre winrate variera de moins en moins. Autrement dit, chance et malchance tendent à s’équilibrer sur le long terme, loi des grands nombres oblige.

Au final, cette loi a de quoi rassurer tous les joueurs : le talent est plus fort que la chance !

Variance et variantes du poker

La variance en cash game

Lorsque vous jouez en cash game, la variance est pour l’essentiel relative à la taille du pot. Logiquement, plus les pots seront gros, plus forte elle sera : vous gagnerez gros, mais vous perdrez gros aussi… Par exemple, on peut dire que :

  • 1 pot équivalant à 100 grosses blindes de votre limite habituelle contribue autant à la variance que 100 pots équivalant à 10 grosses blindes
  • les tapis peuvent compter pour plus de 50% de la variance

La taille des pots dépendra elle-même de plusieurs facteurs :

  • Limit ou No Limit, la seconde variante occasionnant naturellement plus de variance
  • Nombre de joueurs : une table de 6 joueurs peut être plus dynamique qu’une de 10 et donner lieu à des pots plus conséquents…
  • Style de jeu : le vôtre, mais aussi celui des adversaires (agressif, ou au contraire loose)

La variance en tournoi

Le calcul est beaucoup plus complexe car tout dépend de la structure des tournois et en particulier des places payées. Par exemple, les paliers peuvent être très progressifs, ou au contraire permettre au seul vainqueur d’empocher tous les gains et causer dans ce cas une variance importante. D’autres paramètres influeront également sur celle-ci :

  • Nombre de joueurs
  • Stratégie : si vous visez seulement les places payées, votre variance sera moindre que si vous visez la victoire, puisque vous prendrez moins de risques et toucherez des gains moins importants.
  • Style de jeu

Du long terme au destin

“J’ai joué plus de 25 000 mains en MTT, j’ai multiplié les bad beats et d’après mon logiciel assistant de poker, mon winrate est toujours faible : le long terme, c’est quand ?” Le long terme, par définition, c’est long… Surtout au bout de 20 ans de bad beats.

La cruelle réalité est que la très grande majorité des joueurs demeure perdante dans la durée. La plupart ne s’en rendent pas compte uniquement parce qu’ils sont aveuglés par une ou deux périodes relativement fastes.

D’autre part, certains résultats ne sont significatifs qu’au bout d’un nombre de mains considérable, de l’ordre du million. Autant dire qu’ici, vous avez tout intérêt à multitabler… En outre, votre niveau de jeu va forcément évoluer entre la première et la millionième main : en conséquent, le winrate évoluera aussi et l’estimation ne sera plus valable… Mais vous aurez pris conscience que devenir un bon joueur de poker est très long.

N’oublions pas non plus que le poker évolue dans le temps et qu’il est soumis à des phénomènes de mode : certains coups en vogue il y a quelques années comme l’attaque UTG ne trompent plus personne aujourd’hui, aussi le joueur doit-il percevoir ces évolutions. Le grand joueur sait s’adapter, tandis que beaucoup continuent à croire en leurs coups qui ont fonctionné un temps et se font désormais quasi-systématiquement contrer.

Enfin, plus vous jouez de mains, plus la part de chance a tendance a diminuer. Cependant, les probabilités étant ce qu’elles sont, vous devez savoir que cette part va diminuer assez rapidement au début, mais qu’au fur-et-à-mesure, sa diminution sera plus faible. Elle peut facilement passer de 40% sur 100 mains à 30% sur 1000, mais pour passer sous la barre des 10%, il faudra peut-être 40 000 mains supplémentaires (et 5 millions si vous visez sous les 5%).

Et encore faut-il avoir le edge d’Elky ou de Phil Ivey…

Calcul de pro ou excuse de fish ?

Analysés soigneusement, les calculs de la variance restent un outil de premier ordre pour un joueur professionnel ou un amateur averti très motivé pour progresser. Dans les 2 cas, il vaut la peine d’y consacrer du temps sur son logiciel assistant.

Mais pour briller auprès d’autres joueurs, justifier un cruel bad beat, ou tout simplement expliquer sans avoir trop honte un mauvais ROI (retour sur investissement, en argent comme en temps…), la variance est aussi comme le mot magique des joueurs moyens.

Pire, certains vont même jusqu’à l’attribuer au logiciel de Winamax ou PokerStars… L’idée n’est pas si saugrenue qu’elle n’y paraît, puisque dans la mesure où c’est le programme du logiciel qui distribue les cartes, on pourrait imaginer que certains font moins intervenir le facteur chance que d’autres. “Comme par hasard, je fais bad beat sur bad beat sur Winamax, mais pas chez Barrière…”

C’est oublier que depuis la régulation, l’ARJEL veille strictement à la qualité des logiciels afin que les tirages soient les plus aléatoires possibles. L’argument ne trompe d’ailleurs à peu près plus personne, à l’inverse de pseudo-astuces censées limiter la variance au poker…

Vous l’aurez compris, les discussions sur la variance au poker prennent tout leur sens lorsque vous vous posez la question de savoir qui en parle : un pro sérieux ou un joueur moyen cherchant des excuses ?

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